$\fcolorbox{Lavender}{lavender}{\LARGE {Auteurs}}$ : Adéa Guillot, Françoise Arvanitis
$\fcolorbox{Lavender}{lavender}{\LARGE {Année}}$ : 2013
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1/3 de la population grecque est passée entre 2010 et 2013 sous le seuil de pauvreté. De quoi faire imploser la cohésion de n’importe quelle société.
Capacité de résilience : les services publics s’écroulent ? voilà que toute une solidarité alternative s’organise. Dans chaque quartier d’Athènes et dans chaque ville du pays, des centres de santé dispensent des soins gratuits. Des cuisines associatives nourrissent des familles entières. Tu parles français ? je t’échange une heure de français contre une heure de jardinage. Tu es médecin ? je garde tes enfants en échange d’un vaccin à ma fille.
Evidemment cette solidarité n’est pas un rempart. Elle n’empêche ni le déclassement, ni le chômage. Mais elle est la réponse instinctive, profondément humaine, des Grecs. Elle révèle cette extraordinaire capacité de rebondissement d’un peuple qui a tout de même traversé dans le seul vingtième siècle 2 guerres mondiales, 2 dictatures et une guerre civile.
La vague migratoire des paysans grecs vers les pays d’accueil où ils espéraient se construire un avenir meilleur – EU, Canada, Australie, Belgique, Allemagne- fut, au lendemain de la guerre, une véritable déferlante. Elle vida littéralement, et pour longtemps, villages, montagnes, parfois des iles entières, créant un vide dans leur pays d’origine, mais aussi une diaspora généralement bien intégrée. Les liens avec la « patrie » resteront très forts. « Diaspora » n’est pas pour rien un mot grec. Le savoir « vivre ailleurs » est un talent que les Grecs possèdent depuis toujours.
La misère n’était pas la seule cause de départ. Le choix de l’exil fut aussi, pour certains, politique. Cette Grèce venait de vivre, alors même qu’elle s’était opposée à l’Italie fasciste et à l’occupation nazie, le plus sordide et cruel après-guerre que l’on puisse infliger à un peuple : une « trahison » concoctée par les puissants du moment -Churchill, Roosevelt et Staline- au nom de leurs intérêts stratégiques.
C’est à Yalta, en février 1945, que le sort de la Grèce se joue. La Grèce devient le bastion du monde libre en Europe orientale méditerranéenne. La résistance grecque face aux nazis avait été héroïque, exemplaire même par son unité et son efficacité. Mais elle avait une « tare » impardonnable : l’EAM, le Front de libération national à sa tête, était d’obédience communiste. Inacceptables pour ces chefs > la Grèce se voit alors dotée par les vainqueurs occidentaux d’un gouvernement « à la botte ».
Le peuple grec mettra des décennies à se remettre de l’injustice de la libération. La guerre civile qui s’ensuit, de 1946 à 1949 est d’une atrocité sans nom : centaine de milliers de morts.
1950 : exode rurale imputable aux séquelles de la guerre civile et à la misère des campagnes dévastées par dix ans de conflit, provoqua l’afflux massif de nouveaux citadins à Athènes. Néanmoins, aujourd’hui**, la fracture sociale** y est bcp moins sensible que dans les grandes métropoles du Nord de l’Europe.
20 ans plus tard, nouvelle « trahison » : la prise du pouvoir à Athènes par les colonels soutenus par la CIA. Peut-on s’étonner dès lors, de cette tendance très générale des Grecs à se porter en victimes permanentes d’une vindicte internationale, porteuse des plus noirs desseins ? 7 ans durant, de 1967 à 1974, les Grecs eurent à subir une junte catastrophique, bande de militaires odieux et stupides, qui isola le pays au moment critique où tendait à s’y installer enfin un Etat de droit. Une telle expérience ne peut pas laisser indemne l’âme d’un peuple.
Pendant les 4 siècles de l’occupation ottomane, les puissances jouèrent l’avenir de la Grèce sur leur échiquier diplomatique sans aucune considération pour ses habitants.
Traumatisme historique infligé au peuple grec par son dangereux voisin au début du XXe est tout, sauf oublié. Guerre en Anatolie : guerre gréco-turque qui comment en mai 1919 avec le débarquement des forces militaires grecques en Asie Mineure et se termine en septembre 1922 par la reconquête de Smyrne par les Turcs. La Turquie exploita brutalement sa victoire en expulsant plus d’1 million de Grecs d’Anatolie, massacrant des dizaines de milliers d’entre eux.